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à elle ou parlent en son nom sur la question du moment.

Je ne me plains pas de tout ceci. Je n’affirme pas que rien de mieux soit compatible, comme règle générale, avec l’humble état de l’esprit humain actuellement.

Mais cela n’empêche pas le gouvernement de la médiocrité d’être un gouvernement médiocre. Jamais le gouvernement d’une démocratie ou d’une aristocratie nombreuse n’est parvenu à s’élever au-dessus de la médiocrité, soit par ses actes politiques, soit par les opinions, les qualités, le genre d’esprit qu’il alimente, excepté la où la foule souveraine s’est laissée guider (comme elle l’a toujours fait dans ses meilleurs temps) par les conseils et l’influence d’une minorité ou d’un homme plus hautement doué et plus instruit. L’initiation à toutes les choses sages et nobles vient et doit venir des individus, et tout d’abord généralement de quelque individu isolé.

L’honneur et la gloire de la moyenne des hommes est de pouvoir suivre cette initiative, d’avoir le sens de ce qui est sage et noble, et d’y être conduit les yeux ouverts.

Je n’encourage pas ici cette sorte de culte du héros, qui applaudit un homme d’un génie puissant parce qu’il saisit de force le gouvernement du monde, et lui impose bon gré mal gré ses commandements.