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Ayant dit qu’individualité est la même chose que développement, et que c’est seulement la culture de l’individualité qui produit ou peut produire des êtres humains bien développés, je pourrais clore ici l’argument. Que peut-on dire de plus en faveur d’une condition des affaires humaines, si ce n’est qu’elle amène les hommes au plus près du mieux qu’ils puissent être ? Ou que peut-on dire de pis d’un obstacle au bien, si ce n’est qu’il empêche ce progrès ? Sans aucun doute cependant, ces considérations ne suffiront pas à convaincre ceux qui ont le plus besoin d’être convaincus.

Et il est nécessaire en outre de prouver que ces êtres humains développés sont de quelque utilité aux êtres non développés. Il faut montrer à ceux qui ne désirent pas la liberté et qui ne voudraient pas s’en servir, que s’ils permettent à autrui d’en faire usage sans obstacle, ils peuvent en être récompensés de quelque façon appréciable.

Tout d’abord, ne pourraient-ils pas apprendre quelque chose de ces individus laissés libres ? Personne ne niera que l’originalité ne soit un élément précieux dans les affaires humaines. Il y a toujours besoin de gens non-seulement pour découvrir des vérités nouvelles, et signaler le moment où ce qui fut autrefois une vérité cesse de l’être, mais encore pour commencer de nouvelles pratiques et donner l’exemple d’une conduite plus éclairée, de plus de