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un John Knox qu’un Alcibiade, mais il vaut encore mieux être un Périclès que l’un ou l’autre ; et un Périclès, s’il en existait un aujourd’hui, ne serait pas sans quelques-unes des bonnes qualités qui appartiennent à John Knox.

Ce n’est pas en dressant à l’uniformité tout ce qu’il y a d’individuel en eux, mais en le cultivant et en le sollicitant dans les limites imposées par les droits et les intérêts d’autrui, que les êtres humains deviennent un noble et bel objet de contemplation ; et comme l’œuvre prend le caractère de ceux qui l’accomplissent, par le même procédé la vie humaine devient-elle aussi, riche et diversifiée. Elle anime et entretient avec plus d’abondance les hautes pensées, les sentiments qui élèvent ; elle fortifie le lien qui attache les individus à la race, en donnant plus de valeur à la race elle-même. À proportion du développement de son individualité, chaque personne prend plus de prix à ses propres yeux, et par conséquent est capable d’en prendre plus aux yeux des autres. Il y a une plus grande plénitude de vie dans toute son existence : et quand il y a plus de vie dans l’unité, il y en a plus dans la masse, qui se compose d’unités.

On ne peut se passer de la compression nécessaire pour empêcher les échantillons les plus énergiques de la nature humaine d’empiéter sur les droits des autres ; mais à cela il y a une