Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

exerce. On n’exerce pas ses facultés en faisant une chose simplement parce que d’autres la font, pas plus qu’en croyant une chose uniquement parce qu’ils la croient. Si une personne adopte une opinion sans que les principes de cette opinion lui paraissent concluants, sa raison n’en sera point fortifiée mais probablement affaiblie ; et si elle fait une action dont les motifs ne sont pas conformes à ses opinions et à son caractère (là ou il ne s’agit pas d’affection ni des droits d’autrui), elle n’y gagnera que d’énerver son caractère et ses opinions qui devraient être actifs et énergiques.

L’homme qui laisse le monde ou du moins son monde choisir pour lui sa manière de vivre, n’a besoin que de la faculté d’imitation des singes. L’homme qui choisit lui-même sa manière de vivre se sert de toutes ses facultés. Il doit employer l’observation pour voir, le raisonnement et le jugement pour prévoir, l’activité pour rassembler les matériaux de la décision, le discernement pour décider, et quand il a décidé, la fermeté et l’empire sur lui-même pour s’en tenir à sa décision délibérée. Et plus la portion de sa conduite qu’il règle d’après son jugement et ses sentiments est grande, plus toutes ces diverses qualités lui sont nécessaires.

Il peut au besoin être guidé dans le bon chemin et préservé de toute influence nuisible, sans aucune de ces choses. Mais quelle sera sa valeur comparative