Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/183

Cette page n’a pas encore été corrigée

soutenir et défendre avec un talent et une énergie égale toutes les opinions militantes de la vie pratique, qu’elles soient favorables à la démocratie ou à l’aristocratie, à la propriété ou à l’égalité, à la coopération ou à la compétition, au luxe ou à l’abstinence, à l’état ou à l’individu, à la liberté ou à la discipline ; il n’y a aucune chance pour que les deux éléments obtiennent ce qui leur est dû ; il est sûr qu’un des plateaux de la balance l’emportera sur l’autre. La vérité, dans les grands intérêts pratiques de la vie, est surtout une question de combinaison et de conciliation des extrêmes ; aussi très-peu d’hommes ont-ils assez de lumière et d’impartialité pour faire cet accommodement d’une façon à peu près correcte : il doit être accompli alors par le procédé violent d’une lutte entre des combattants sous des bannières hostiles. Si, à propos d’une des grandes questions qu’on vient d’énumérer, une opinion a plus de droit que l’autre à être, non-seulement tolérée, mais encore encouragée et soutenue, c’est celle qui se trouve être la plus faible. Voilà l’opinion qui pour le moment représente les intérêts négligés, le côté du bien-être humain qui est en danger d’obtenir moins que sa part. Je sais qu’on tolère parmi nous les opinons les plus différentes sur la plupart de ces matières : ce qui prouve par des exemples nombreux et non équivoques l’universalité de ce fait, que dans l’état actuel de l’esprit