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plus près, elles contenaient plus de vérité positive et beaucoup moins d’erreur. Néanmoins il y avait dans les doctrines de Rousseau, et il a passé dans l’opinion courante, précisément un grand nombre de ces vérités dont avait besoin l’opinion populaire ; aussi continuèrent-elles à subsister. Le mérite supérieur de la vie simple, l’effet énervant et démoralisant des entraves et des hypocrisies d’une société artificielle, sont des idées qui depuis Rousseau n’ont jamais complétement quitté les esprits cultivés ; elles produiront un jour leur effet, quoique pour le moment elles aient encore besoin d’être proclamées plus haut que jamais, et proclamées par des actes ; car les paroles sur ce sujet ont presque usé leur puissance.

D’autre part, il est reconnu en politique qu’un parti d’ordre ou de stabilité et un parti de progrès ou de réforme sont les deux éléments nécessaires d’un état politique florissant, jusqu’à ce que l’un ou l’autre ait tellement étendu sa puissance intellectuelle qu’il puisse être à la fois un parti d’ordre et de progrès, connaissant et distinguant ce qu’on doit conserver et ce qui doit être détruit. Chacune de ces manières de penser tire son utilité des défauts de l’autre ; mais c’est principalement leur opposition mutuelle qui les maintient dans les limites de la saine raison.

Si l’on ne peut exprimer avec une liberté égale,