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En Prusse, après les désastres de la guerre de sept ans, le crédit foncier fut créé par l’État. En France, nous ne vîmes rien de pareil après les catastrophes et l’épuisement des dernières années de l’Empire. Cela tient à ce que la propriété foncière morcelée en France, était en Prusse au régime de la concentration.

Ici, elle ne pouvait se relever que par le capital qui était à créer, à mettre entre les mains des grands propriétaires ruinés. En France, le sol avait pour lui les bras sans nombre auxquels il appartient, c’est-à-dire le Travail qui ne tarit pas, qui ne se ruine pas ; une force pour produire, et qui crée, par la vertu de la privation et de l’épargne, cette autre force nommée capital.

En France, au XVIIe siècle, il parut à propos d’encourager officiellement l’industrie et les arts ; cela n’était pas nécessaire, soit dans les Pays-Bas, soit parmi les républiques d’Italie qui avaient la passion innée de l’industrie et des arts.

Ainsi vous ne pouvez pas dire que la société doit rester étrangère aux soins économiques, aux soins esthétiques, à la charité, à l’instruction du peuple. On vous répondrait par des faits accablants pris dans les civilisations les plus exemplaires, lesquels ne prouvent pas toutefois que l’État doit faire toutes ces choses partout (ce qui serait la fin de l’individu), mais qu’il peut en faire certaines, çà et là, sans