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regardent autour d’eux pour savoir de M. A. et de M. B. jusqu’à quel point ils doivent obéir au Christ.

Nous pouvons être assurés qu’il en était tout autrement parmi les premiers chrétiens ; s’il en eût été alors comme aujourd’hui, jamais le christianisme ne serait devenu, de secte obscure d’un peuple méprisé, la religion de l’empire romain. Quand leurs ennemis disaient « Voyez comme les chrétiens s’aiment les uns les autres » (une remarque que personne apparemment ne ferait aujourd’hui), les chrétiens sentaient bien sûr plus vivement la portée de leur croyance qu’ils ne firent jamais depuis. Et c’est pourquoi sans doute le christianisme fait si peu de progrès maintenant et se trouve, après dix-huit siècles, borné aux Européens et aux descendants des Européens. Il arrive souvent, même aux personnes strictement religieuses, à celles qui prennent leurs doctrines au sérieux et qui y attachent plus de sens qu’on ne le fait en général, d’avoir présente à l’esprit d’une façon active, seulement cette partie de la doctrine faite par Calvin ou Knox ou quelqu’autre personne semblable d’une position plus analogue à la leur. Les paroles du Christ coexistent passivement dans leur esprit, y produisant à peine plus d’effet que ne peut en produire l’audition machinale de paroles si douces. Il y a sans doute beaucoup de raisons pour que des