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doivent pas jurer, qu’ils doivent aimer leur prochain comme eux-mêmes, que si quelqu’un prend leur manteau ils doivent lui donner aussi leur habit, qu’ils ne doivent pas se préoccuper du lendemain, que pour être parfaits ils doivent vendre tout ce qu’ils ont et le donner aux pauvres. Ils ne mentent pas quand ils disent qu’ils croyent ces choses-là. Ils le croyent comme les hommes croyent ce qu’ils ont toujours entendu louer et jamais entendu discuter. Mais dans le sens de cette foi vivante qui règle la conduite, ils croyent à ces doctrines juste autant qu’on a coutume d’agir d’après elles. Les doctrines, dans leur intégrité, ont leur prix pour en lapider les adversaires, et il est entendu qu’on doit les mettre en avant (autant que possible) comme les motifs de tout ce que les hommes font de louable. Mais si quelqu’un leur rappelait que ces maximes demandent une foule de choses qu’ils ne pensent même jamais à faire, il n’y gagnerait que d’être rangé parmi ces gens impopulaires qui affectent d’être meilleurs que les autres. Les doctrines n’ont aucune prise sur les croyants ordinaires, aucun pouvoir sur leurs esprits. Ils ont un respect habituel pour le son des doctrines, mais ils n’ont pas le sentiment qui va des mots au fond des choses, forçant l’esprit à prendre ces dernières en considération, à les prendre pour base de conduite. Toutes les fois qu’il s’agit de conduite, les hommes