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autre quoique bornée au continent et à la classe la plus cultivée, lors du mouvement spéculatif de la dernière moitié du XVIIIe siècle, et une troisième, de plus courte durée encore, lors de la fermentation intellectuelle de l’Allemagne au temps de Goethe et de Fichte. Ces trois époques diffèrent énormément quant aux opinions particulières qu’elles développèrent, mais elles se ressemblent en ce que, durant toutes trois, le joug de l’autorité fut brisé. Pendant chacune d’elles, un ancien despotisme intellectuel avait été détrôné, et un nouveau ne l’avait pas encore remplacé. L’impulsion donnée par chacune de ces trois époques a fait de l’Europe ce qu’elle est maintenant. Tout progrès isolé qui s’est produit, soit dans l’esprit, soit dans les institutions humaines, remonte d’une façon évidente à l’une ou à l’autre de ces époques. Tout indique depuis quelque temps que ces trois impulsions sont presque usées, et nous ne pouvons pas attendre de nouvel élan, avant que nous n’ayons de nouveau proclamé notre liberté intellectuelle.

Passons maintenant à la deuxième division de l’argument, et, abandonnant la supposition que les opinions reçues peuvent être fausses, admettons qu’elles sont vraies et examinons ce que vaut la manière dont on les professera probablement, si leur vérité n’est pas librement et ouvertement débattue. Quelque difficulté qu’ait une personne à