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que ce soit uniquement ou principalement pour former de grands penseurs que la liberté de penser soit nécessaire. Au contraire, elle est aussi et même plus indispensable pour rendre la moyenne des hommes capable d’atteindre la hauteur intellectuelle que comporte leur aptitude. Il y a eu, et il peut encore y avoir de grands penseurs individuels dans une atmosphère générale d’esclavage mental. Mais il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais dans cette atmosphère un peuple intellectuellement actif. Partout où un peuple a possédé temporairement cette activité, ça a été parce que la crainte des spéculations hétérodoxes était pour un temps suspendue. Là où il est est entendu tacitement que les principes ne doivent pas être discutés, là ou la discussion des plus grandes questions qui peuvent occuper l’humanité est regardée comme terminée, on ne peut s’attendre à trouver à un degré généralement élevé cette activité intellectuelle qui a rendu si remarquables quelques époques de l’histoire. Jamais l’esprit d’un peuple ne fut remué jusque dans ses fondements, jamais ne fut donnée l’impulsion qui élève même les hommes de l’intelligence la plus ordinaire à quelque chose de la dignité d’êtres pensants, là où la controverse évitait les sujets assez vastes et assez importants pour enflammer l’enthousiasme. L’Europe a vu plusieurs de ces époques brillantes : la première immédiatement après la réforme, une