Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/151

Cette page n’a pas encore été corrigée

que le serment d’une personne qui ne croit pas à une vie future est sans valeur ; proposition qui montre une grande ignorance de l’histoire chez ceux qui l’admettent (puisqu’il est historiquement vrai qu’à toutes les époques une grande quantité d’infidèles ont été des gens d’un honneur et d’une intégrité distingués) ; et pour soutenir cette proposition, il faudrait ne pas soupçonner combien de personnes, réputées dans le monde pour leurs vertus et leurs talents, sont bien connues, au moins de leurs amis intimes, comme ne croyant à rien. Cette règle en outre se détruit d’elle-même : sous prétexte que les athées doivent être des menteurs, elle admet le témoignage de tous les athées qui sont gens à mentir, et elle rejette seulement ceux qui bravent la disgrâce de confesser publiquement un symbole détesté plutôt que d’affirmer un mensonge. Une règle qui se ruine ainsi d’elle-même, par rapport au but qu’elle se propose, ne peut être maintenue que comme un gage de haine, comme un reste de persécution ; la persécution ayant ici cette particularité que la raison pour l’encourir, est la preuve bien acquise qu’on ne la mérite pas. Cette règle et la théorie qu’elle implique sont à peine moins insultantes pour les croyants que pour les infidèles ; car si celui qui ne croit pas à une vie future est nécessairement un menteur, naturellement ceux qui y croyent ne sont empêchés de mentir, si toutefois