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et de l’avenir, du groupe inférieur et du groupe supérieur ; on pourrait faire un livre rien que là-dessus. Après tout, ces anomalies ne font pas obstacle aux conclusions de la science et de l’histoire, lesquelles ont une base dans la masse supérieure des faits réguliers.

Mais il en est tout autrement dans ce problème confus qui est de trouver où finit l’individu, où commence la société. Ici les cas douteux, les faits mixtes apparaissent à chaque pas : l’hermaphrodite est abondant et normal en quelque sorte. La raison en est que l’individu et la société ne diffèrent pas substantiellement : Étant donnés deux êtres qui naissent à ce point l’un de l’autre, comment dire que l’un est absolument incapable des choses exécutées par l’autre, et que chacun a sa fonction spéciale, limitative ? On a vu dans certains pays, aux Indes, à Java, en Égypte, l’État faire de l’agriculture et de l’industrie comme un simple particulier ; ailleurs on a vu des traitants, des condottieri, la Sainte-Hermandad, l’individu enfin, à la place de fisc, d’armées, de police. — Cette considération prise du fait, prise de l’utile, ne tranche pas une question de droit comme celle que nous avons devant nous, mais l’embarrasse terriblement. Car il n’est presque personne qui ne confonde le droit et l’utile, quand il s’agit d’intérêt public, et qui ne fonde sur cet intérêt le droit de la société et