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pour montrer la qualité de leur progrès : ils redoutent l’abus où d’autres ont à peine l’usage. Ceci constitue dans le livre dont nous nous occupons un aperçu purement britannique qui n’est pas le seul de son espèce, comme on le verra tout à l’heure.

Cette transaction entre le droit social et le droit individuel ne repose nulle part sur une base fixe et convenue : rien n’est plus capricieux, plus variable. Vous ne voyez en aucun pays, à aucune époque, quelque chose comme un principe pour faire la leçon et montrer la limite à ces pouvoirs. C’est le goût des classes dominantes qui décide de ce qu’on mettra dans les lois, c’est-à-dire des règles de conduite qui seront imposées par la force : la source principale de ce goût, c’est l’intérêt. Un seul point paraît acquis, fortement revendiqué par la passion d’autrefois, concédé de nos jours par l’indifférence : je veux parler de la tolérance religieuse.

« Hormis ce point, jamais, dit M. Mill, la compétence de la société et celle de l’individu n’ont été nettement définies. »

Cela est vrai. Mais cette définition est-elle possible ? Je ne le pense pas.

Songez donc, quand vous parlez de l’individu et de la société, qu’il s’agit là de deux puissances telles que la Vie et le Droit. Et vous aspirez à marquer leurs limites ! Mais vous ne savez pas même celle des pouvoirs, des juridictions, que vous avez