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et de publier des opinions, peut paraître soumise à un principe différent, puisqu’elle appartient à cette portion de la conduite d’un individu qui touche les autres ; mais comme elle est de presqu’autant d’importance que la liberté de penser elle-même, et qu’elle repose en grande partie sur les mêmes raisons, ces deux libertés sont inséparables en pratique. Secondement, le principe de la liberté humaine requiert la liberté des goûts et des poursuites, la liberté d’arranger notre vie suivant notre caractère, de faire comme il nous plaît, advienne que pourra, sans en être empêchés par nos semblables, aussi longtemps que nous ne leur nuisons pas, et quand bien même ils trouveraient notre conduite sotte, mauvaise ou fausse. Troisièmement, de cette liberté de chaque individu, résulte, dans les mêmes limites, la liberté d’association parmi les individus ; la liberté de s’unir pour un objet quelconque inoffensif à l’égard d’autrui, étant supposé que les personnes associées sont majeures, et ne sont ni contraintes, ni trompées.

Aucune société n’est libre, quelle que puisse être la forme de son gouvernement, si ces libertés n’y sont pas à tout prendre respectées ; et aucune n’est complètement libre, si ces libertés n’y existent pas d’une façon absolue et sans réserve.

La seule liberté qui mérite ce nom, est celle de chercher notre propre bien à notre propre façon,