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nous devons nous inquiéter ici) la contrainte, ou sous la forme directe, ou sous celle de pénalité pour la non-observance, n’est plus admissible comme moyen de faire du bien aux hommes ; elle n’est plus justifiable que pour leur sécurité à l’égard les uns des autres.

Il convient de le dire, je néglige tout avantage que je pourrais tirer pour mon argumentation, de l’idée du droit abstrait comme chose indépendante de l’utilité. L’utilité est la solution suprême de toute question morale ; mais ce doit être l’utilité dans le sens le plus étendu du mot, l’utilité fondée sur les intérêts permanents de l’homme, comme être progressif.

Ces intérêts, je le soutiens, n’autorisent la soumission de la spontanéité individuelle à un contrôle extérieur, qu’au sujet de ces actions de chacun qui touchent les intérêts d’autrui. Si un homme fait un acte nuisible aux autres, il y a évidemment sujet de le punir par la loi, ou bien si les pénalités légales ne sont pas applicables en toute sûreté, par la désapprobation générale. Il y a aussi beaucoup d’actes positifs pour le bien des autres, qu’un homme peut être justement obligé d’accomplir ; par exemple de porter témoignage en justice, ou de prendre toute sa part, soit dans la défense commune, soit dans toute autre œuvre commune nécessaire à la société sous la protection de laquelle il vit. De plus, on peut, en