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de l’intervention du gouvernement. On en décide suivant ses inclinations personnelles. Les uns, partout où ils voient du bien à faire ou du mal à réparer, voudraient pousser le gouvernement à entreprendre la besogne, tandis que d’autres préfèrent supporter toute espèce d’abus sociaux, plutôt que de rien ajouter aux attributions du gouvernement. Les hommes se rangent de l’un ou de l’autre parti dans chaque cas particulier, suivant cette direction générale de leurs sentiments, ou suivant le degré d’intérêt qu’ils prennent à la chose qu’on propose de faire faire au gouvernement, ou bien encore suivant leur persuasion que le gouvernement fera ou ne fera pas la chose de la façon qu’ils préfèrent. Mais ils agissent très-rarement d’après une opinion réfléchie et arrêtée, sur les choses qui sont de nature à être faites par le gouvernement. Aussi il me semble qu’à présent, en conséquence de ce manque de règle ou de principe, un parti a aussi souvent tort que l’autre. L’intervention du gouvernement est aussi souvent invoquée à tort que condamnée à tort.

Le but de cet essai est de proclamer un principe très-simple, comme fondé à régir absolument la conduite de la société envers l’individu, dans tout ce qui est contrainte et contrôle, que les moyens employés soient la force physique, sous forme de peines légales, ou la coaction morale de l’opinion