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impopulaire, les sentiments moraux qui prévalent portent l’empreinte d’un impatient dégoût de supériorité. Un autre principe déterminant des règles de conduite imposées, soit par la loi, soit par l’opinion, a été la servilité de l’espèce humaine envers les préférences ou les aversions supposées de ses maîtres temporels ou de ses dieux. Cette servilité, quoiqu’essentiellement égoïste, n’est pas de l’hypocrisie, elle fait naître des sentiments d’horreur parfaitement vrais ; elle a rendu les hommes capables de brûler des magiciens et des hérétiques.

Parmi tant d’influences plus viles, les intérêts évidents et généraux de la société ont eu naturellement une part, et une part importante, dans la direction des sentiments moraux : moins cependant pour leur propre valeur, que comme une conséquence des sympathies ou des antipathies que ces intérêts engendrent. Puis des sympathies ou antipathies qui n’avaient presque rien à voir avec les intérêts de la société, se sont fait sentir dans l’établissement des principes moraux avec tout autant de force.

Aussi les goûts et les dégoûts de la société ou de quelque portion puissante de la société, sont la principale chose qui ait déterminé, en pratique, les règles imposées à l’observance générale, avec la sanction de la loi ou de l’opinion.

En général, ceux qui étaient en progrès d’idées et de sentiments sur la société, ont laissé cet état