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termes généraux, la question pratique où placer la limite, comment faire le compromis entre l’indépendance individuelle et le contrôle social, est un sujet sur lequel presque tout reste à faire. Tout ce qui donne quelque valeur à notre existence, dépend de la contrainte imposée aux actions d’autrui. Donc quelques règles de conduite doivent être imposées par la loi d’abord, et puis par l’opinion pour beaucoup de choses sur lesquelles l’action de la loi ne peut s’exercer.

Ce que doivent être ces règles, voilà la principale question dans les affaires humaines ; mais si nous exceptons quelques-uns des cas les plus saillants, c’est celle vers la solution de laquelle on a fait le moins de progrès.

Il n’y a pas deux siècles ni presque deux pays qui soient arrivés là-dessus à la même conclusion ; et la conclusion d’un siècle ou d’un pays, est un sujet d’étonnement pour un autre. Cependant les gens de chaque siècle ou de chaque pays donné, ne trouvent pas la question plus compliquée que si c’était un sujet sur lequel l’espèce humaine ait toujours été d’accord. Les règles qui prédominent parmi eux, leur semble évidentes et se justifiant d’elles-mêmes. Cette illusion presqu’universelle, est un des exemples de l’influence magique de l’habitude, qui n’est pas seulement, comme le dit le proverbe, une seconde nature, mais qui est continuellement prise pour la