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aussi bien que dans les personnes, le succès met au jour des défauts et des faiblesses que l’insuccès aurait pu dérober à l’observation. L’idée que les peuples n’ont pas besoin de limiter leur pouvoir sur eux-mêmes, pouvait sembler un axiome lorsque le gouvernement populaire était une chose dont on ne faisait que rêver, ou lire l’existence dans l’histoire à quelque époque très-reculée. Cette notion ne fut pas non plus nécessairement troublée par des aberrations temporaires, comme celles de la révolution française, dont les pires furent l’ouvrage d’une minorité usurpatrice, et qui en tous cas ne tenaient pas à l’action permanente des institutions populaires, mais bien à une explosion soudaine et convulsive contre le despotisme monarchique et aristocratique. En temps voulu cependant, une république démocratique vint à occuper la plus large portion de la surface de la terre, et se montra l’un des plus puissants membres de la communauté des nations. Dès lors, le gouvernement électif et responsable devint l’objet de ces observations et de ces critiques qu’on adresse à tout grand fait existant. On s’aperçut à cette heure que des phrases comme le pouvoir sur soi-même, et le pouvoir des peuples sur eux-mêmes n’exprimaient pas le véritable état des choses ; le peuple qui exerce le pouvoir n’est pas toujours le même peuple que celui sur qui on l’exerce, et le gouvernement de soi-même dont on parle, n’est