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était une ressource contre les gouvernants dont les intérêts étaient habituellement opposés à ceux du peuple. Ce qu’il fallait maintenant, c’était que les gouvernants fussent identifiés avec le peuple, que leur intérêt et leur volonté fussent l’intérêt et la volonté de la nation. La nation n’avait pas besoin d’être protégée contre sa propre volonté. Il n’y avait pas à craindre qu’elle se tyrannisât elle-même. Du moment où les gouvernants d’une nation étaient efficacement responsables envers elle, promptement révocables à son gré, il lui était permis de leur confier un pouvoir dont elle pouvait elle-même dicter l’usage à faire. Leur pouvoir n’était que le propre pouvoir de la nation, concentré et sous une forme commode pour l’exercer. Cette manière de penser ou peut-être plutôt de sentir, était commune parmi la dernière génération de libéraux européens, chez lesquels elle prévaut encore sur le continent. Ceux qui admettent quelques limites à ce qu’un gouvernement peut faire, excepté dans le cas de gouvernements tels, que, selon eux, ils ne devraient pas exister, se font remarquer comme de brillantes exceptions, parmi les penseurs politiques du continent. Une pareille façon de sentir pourrait, à l’heure qu’il est, prévaloir dans notre propre pays, si les circonstances qui l’encouragèrent pour un temps, n’avaient pas changé depuis. Mais dans les théories politiques et philosophiques