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rapport entre l’utilité et la justice

considérée comme injuste, il semble que ce soit de la même manière qu’une infraction à la loi est considérée comme injuste, c’est-à-dire comme une attaque au droit de quelqu’un. Nous pouvons donc dire qu’il y a un second cas d’injustice, lorsqu’on enlève à une personne ce à quoi elle a un droit moral.

Troisièmement : on admet généralement qu’il est juste qu’une personne reçoive (en bien ou en mal) ce qu’elle mérite, et qu’il serait injuste qu’elle reçût le bien ou le mal qu’elle ne mérite pas. C’est peut-être la forme la plus claire, la plus frappante, sous laquelle se conçoive l’idée de justice. Comme elle renferme la notion de mérite, une question se pose aussitôt : Qu’est-ce qui constitue le mérite ? – Dans le langage ordinaire, on dit qu’une personne mérite de recevoir du bien lorsqu’elle agit bien, du mal si elle agit mal ; dans un sens plus particulier, on dit qu’elle mérite de recevoir du bien de ceux auxquels elle en a fait, ou du mal de ceux auxquels elle en a fait. Le précepte : faire le bien pour le mal, n’a jamais été regardé comme conforme à l’accomplissement de la justice ; c’est un précepte où l’on écarte les règles de la justice pour obéir à d’autres considérations.

Quatrièmement : on confesse qu’il est injuste