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rapport entre l’utilité et la justice

associés à ces épithètes sont très nombreuses. Je vais en passer une revue rapide sans m’arrêter aux particularités.

En premier lieu, on considère comme de la plus grande injustice de priver quelqu’un de sa liberté, de sa propriété, de tout ce qui lui appartient de par la loi. Voilà donc un exemple de l’application des termes juste et injuste, dans un sens parfaitement défini : il est juste de respecter, injuste de violer les droits légaux de quelqu’un. Mais ce jugement admet des exceptions qui proviennent des autres formes sous lesquelles se présentent les notions de justice et d’injustice. Par exemple, la personne qui est dépouillée pour avoir forfait aux droits dont elle est privée ; c’est un cas sur lequel nous reviendrons.

Secondement : les droits légaux dont cette personne est dépouillée, peuvent être des droits qu’elle ne devait pas posséder ; en d’autres termes, la loi qui lui donnait ces droits pouvait être mauvaise. Quand les choses sont ainsi ou quand on suppose qu’elles sont ainsi (ce qui, pour ce que nous voulons discuter, est la même chose), l’opinion différera sur la justice de l’infraction à la loi. Quelques personnes soutiennent qu’aucune loi, même mauvaise, ne doit être violée par un individu ; qu’on ne doit y faire opposition, si