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rapport entre la justice et l’utilité

de certaines de ces qualités, présentée sous un aspect particulier. Pour résoudre ce problème, il est pratiquement important de chercher si le sentiment de la justice ou de l’injustice est sui generis comme les sensations de couleur, de goût, ou bien s’il est dérivé, formé de la combinaison d’autres sentiments. Ceci est d’autant plus important à examiner, ainsi qu’on le reconnaît généralement, que, objectivement, les décisions de la justice coïncident avec une partie de l’Utilité Générale. Mais comme le sentiment moral subjectif de la justice est différent de celui qui s’attache à la simple utilité et que, sauf dans les cas extrêmes, il est beaucoup plus impératif dans ses ordres, on trouve difficile de voir seulement dans la justice une espèce particulière, une branche de l’utilité générale, et l’on pense que la force supérieure d’obligation de ce sentiment de la justice est le signe d’une origine complètement différente.

Pour éclaircir la question, il est nécessaire de trouver quel est le caractère distinctif certain de la justice ou de l’injustice ; quelle est la qualité, ou y a-t-il une qualité, attribuée généralement à tous les modes de conduite qualifiés d’injustes, (car la justice, comme beaucoup d’autres attributs moraux, est mieux définie par son contraire), et distinguant