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rapport entre l’utilité et la justice

consacrée) ont été violés. Le sentiment de la justice me semble être le désir animal de rendre un mal reçu par soi ou ses amis, désir étendu par la faculté qu’a l’homme d’élargir ses sentiments sympathiques, et par la conception humaine d’un égoïsme intelligent jusqu’à comprendre toutes les créatures. De ces derniers éléments, le sentiment tire son caractère moral ; du premier, sa force particulière et son énergie à s’affirmer lui-même.

En passant, j’ai parlé de l’idée d’un droit appartenant à la personne atteinte par l’injustice, droit violé par cette injustice, non comme élément distinct dans la composition de l’idée et du sentiment, mais bien comme une des formes sous lesquelles s’abritent ces deux éléments. Ces éléments sont : d’un côté un tort fait à une ou plusieurs personnes déterminées ; de l’autre côté, la demande de la punition. L’examen de notre propre esprit nous montrera, je crois, que ces deux choses renferment tout ce que nous voulons dire, lorsque nous parlons de la violation d’un droit. Quand nous appelons une chose le droit d’une personne, nous voulons dire que cette personne peut demander à la société de la protéger dans la possession de cette chose, soit par la force de la loi, soit par la puissance de l’éducation et de