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DORIETTE

Oriane ne peut s’attendrir.Es-tu sûre ?

ORIANE.

Oui mon cœur souverain ne craint pas la blessure
Des amours vaines…

DORIETTE, résignée.

Des amours vaines… Soit ! si tu veux, venge-moi !
Oriane s’avance vers les arbres et fait des signes magiques avec son fuseau.

ORIANE.

Obéron, Obéron, je t’appelle, ô mon roi !

Obéron paraît.


OBÉRON.

Que veux-tu donc ? Vas-tu me demander encore
Une robe trempée au gouffre de l’aurore,
Veux-tu boire du clair de lune ? Te faut-il
Quelque voile tissé d’une brume d’avril ?
Faut-il que pour parer ton front et tes oreilles
Je prenne aux nuits d’été des étoiles vermeilles ?

ORIANE.

Non, ni joyaux du ciel, ni robe ! Mon souhait
C’est de n’être plus seule avec le bois muet.
Roi, je veux qu’un jeune homme à lèvre attendrie
Voluptueusement me parle et me sourie.
Déliez ce serment cruel qui me défend
D’apparaître. Je veux que là-bas un enfant
Voie au fond de la nuit éternelle du monde
Ma gorge resplendir comme une clarté blonde :
Je veux livrer au vent terrestre mes cheveux.