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DORIETTE.

Veux-tu qu’il t’aime ? Non ! Il est trop tard. Vraiment,
Je ne sais que vouloir. Imagine un tourment.

Elle cherche.

L’enchaîner sur le bord effroyable d’un gouffre ?
Non ! Le changer en pierre, en arbre ?… Il faut qu’il souffre
Et le roc ne sent rien et l’arbre a trop de fleurs,
Cherchons encor !… La terre est pauvre de douleurs.
Tiens ! Que près de la source où je fus offensée,
Il soit troublé de quelque étrange fiancée ;
Que j’entende monter aux cieux lointains et sourds
Ses sanglots et les cris de ses vaines amours.

ORIANE.

Par qui le ferons-nous punir ?

Brusquement à elle-même.

Par qui le ferons-nous punir ? Oh ! quelle idée !

À Doriette.

Le châtiment est sûr, car tu seras aidée
Par quelqu’un de très grand…

DORIETTE.

Par quelqu’un de très grand… Ciel ! Ai-je deviné.
C’est toi qui vas…

ORIANE.

C’est toi qui vas… Pourquoi ce regard étonné
Je t’obéis. Je veux le châtier moi-même.

DORIETTE.

Réfléchis… Tout à l’heure il te criera « Je t’aime »
Et penché vers ta lèvre il te dira tout bas
Des mots victorieux… Tu ne faibliras pas ?

ORIANE.

Oriane ne peut s’attendrir.