Tu m’as prise en tes bras, marraine, et j’ai grandi
Dans la forêt que dore un magique midi.
Oui, mais tu fuis parfois la divine clairière.
Tu t’en vas, déployant, ô ma douce guerrière,
Comme un noble étendard tes cheveux dans le vent
Et je sais que là-bas tu triomphes souvent
Et qu’en des soirs d’orgueil tu choisis pour escorte
Des rois tristes que tu domptas.
Mes pieds se sont posés sur les grands boucliers
Comme de blancs oiseaux frêles et familiers
S’abattent sur les toits altiers des citadelles.
Oui, partout, des amants inconnus et fidèles
M’attendent. Et bien, là, dans le bois, ce matin,
Je ne sais quel chanteur puéril et hautain
M’insulta, comprends-tu, moi la victorieuse !
Mais tu me vengeras.
Conte-moi quelle fut cette insulte ?
Écoutant vaguement sous les feuillages frais
Les murmures amis d’une source sacrée.
Soudain (certes, j’eus tort !) ma ceinture dorée
Et ma robe, je les jetai dans les buissons,
Et, souriante, avec de farouches frissons,
Je me cachai dans la splendeur de la fontaine.