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SILVÈRE.

Que dit-elle ?

ORIANE.

Que dit-elle ? Prends-moi, Silvère. Je consens.

SILVÈRE.

Viens ! Je vais t’emporter dans mes bras frémissants
À travers la splendeur de la forêt complice.
Pour que l’hymen de nos deux rêves s’accomplisse
Les astres nuptiaux ferment leurs yeux cléments.
Dans tout le bois pour le triomphe des amants
Un féerique printemps épaissit la feuillée.
Tout se tait. Pas un cri d’oiselle réveillée,
Pas un frisson de vent sur le calme gazon.
Viens ! Je crois voir là-bas le ciel de l’horizon
S’ouvrir pour nous ainsi qu’une porte divine.
Viens ! Nous nous en irons dans la bonne ravine
Et, pendant nos premiers baisers, nous sentirons
Les rosiers indulgents se pencher sur nos fronts.

ORIANE.

Oui, l’ivresse d’aimer trouble mon âme ardente,
Fuyons !

DORIETTE, sortant du buisson.

Fuyons ! Mais sonne donc !… Elle fuit… Imprudente !
Tu me venges trop bien Oriane ! Merci…
Je n’avais pas rêvé de le punir ainsi.
Oriane, Oriane ! Hélas ! dans la broussaille,

Elle regarde dans le buisson.

Elle faiblit ! la feuille autour d’elle tressaille.
Ses cheveux dénoués semblent un ruisseau d’or !
Oh ! Je veux la sauver. Je vais prendre le cor
Moi-même !
Elle saisit le cor et le porte à ses lèvres. Le cor ne rend aucun son.
Moi-même ! L’olifant reste muet ! Prodige !
Mais non ce sont les fleurs !… Allez-vous en, vous dis-je