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De la bonne forêt, des brises et des eaux.
Ô mon Dieu ! je voudrais être tous les oiseaux.

Il écoute chanter un rossignol.

Rossignol ! il s’en va ; les bêtes sont méchantes !
Il se tourne vers les arbres, les mains jointes comme pour prier le rossignol.
Je voudrais tant savoir la chanson que tu chantes !
Il est adossé à un arbre, comme en extase. Oriane sort à demi des buissons et fait signe à Doriette de rester cachée.

ORIANE.

Nuit langoureuse ! Odeur lointaine des moissons
Extase ! Ah ! je suis folle. Il est temps. Punissons
L’insulteur !
Elle va vers Silvère.
L’insulteur ! Tiens ! Il dort. Une magicienne
L’aura touché peut-être, ou quelque égyptienne
Épancha sur ses yeux des urnes de sommeil.
Que fait-il là, debout.
L’insulteur ! À Silvère.
Que fait-il là, debout.Mais vous êtes pareil
Aux oiseaux endormis dans les branches ! Sans doute
Vous ne m’entendez pas !

SILVÈRE, sans se retourner.

Vous ne m’entendez pas ! Je ne dors pas, j’écoute,
Allez-vous-en. Le soir tranquille était si doux.

ORIANE.

Farouche ! Non je veux m’asseoir auprès de vous,
Tout près, pour vous troubler !
Elle éclate de rire. Silvère se retourne, étonné.

SILVÈRE.

Tout près, pour vous troubler ! Mon Dieu, suis-je en délire
Quel oiseau merveilleux a chanté ?