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ORIANE, impatientée.

Dans les brouillards du ciel natal…Eh ! oui, sans doute
Allons vers cet enfant !

Une flûte chante au loin, puis une voix s’élève.


DORIETTE.

Allons vers cet enfant !Il est ici. J’entends
Ses chansons.

ORIANE.

Ses chansons.Oui, là-bas, indécis et flottants,
Des murmures de flûte éveillent les fleurs closes.
Épions-le. Viens nous cacher parmi ces roses.

Oriane entraine Doriette dans les buissons. Elles se cachent.


SILVÈRE, au loin[1].

Les filles dansent dans les vignes.
Sur le grand lac sombre et charmant,
Entendez-vous l’adieu des cygnes
Mourant mélodieusement.

Des chœurs dansants de vendangeuses
S’unissent autour du pressoir
Entendez-vous les voix songeuses
Des cygnes mourant dans le soir.

Il paraît à la lisière du bois.

Oui, les cygnes ! les blancs chanteurs ! Je les envie
Et je voudrais mourir comme eux l’âme ravie
En chantant noblement sur les fleuves aimés.
Ô musique ! Des bois, des vergers embaumés,
S’échappe une chanson puissante qui m’enivre.
Là-bas, des gens m’ont dit, un jour, qu’on pouvait vivre
Sans écouter le bruit des arbres triomphaux
Mais, bien sûr, ils se sont moqués de moi. C’est faux
Car, moi je le sais bien, il faut, pour que l’on vive,
Mêler sa voix à la rumeur gaie ou plaintive

  1. La musique des deux strophes chantées a été écrite par M. A. Gedalze.