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Stratyllis

Célèbrera-t-on cette année les Iobacchies ?

Ménœchos

Le temps des Iobacchies n’est plus ; ils ne sont plus les jours où l’on portait dans les maisons joyeuses la cruche de vin couronnée de fleurs, où l’on promenait dans la campagne, derrière le bouc couvert de guirlandes, le phallos glorieux. La Hellas est attristée par des sectes moroses et l’on n’entend plus résonner sur les collines de Korinthe les tympanons et les cymbales.

Apollonia, rêvant.

Les cymbales… les tympanons…

Ménœchos, se tournant vers la maison.

Antique demeure d’Iphis, le dieu étranger a franchi ta porte ! Comme un hôte trompeur ruinant la maison qui l’accueille, il s’est assis à ton foyer, et ton foyer ne brûle plus pour le daïmon familial. Ta femme, Iphis, n’offre plus sur l’autel méprisé les gâteaux de miel et les libations de lait. Elle a oublié les rites vénérables… Que dis-je ? Elle a oublié même son nom. Maintenant Derkèto se nomme Béréniké et sous ce toit elle adore le Crucifié.

Apollonia

Tais-toi, Ménœchos. Ne parle plus de cela. Parle plutôt des anciennes fêtes. Tu es heureux d’avoir vécu en ces temps où les dieux eux-mêmes ordonnaient la joie. Aujourd’hui j’aurais avec ferveur accompli les rites. Je suis joyeuse. Je ris de tout, de toi qui sembles prêt à chanter « Io Bacche », de Myrrhina qui me