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juristes devenir des traducteurs ou des traducteurs se prendre pour des informaticiens. Le « melting-pot » s’ancre dans le mouvement du copyleft, y compris les fonctions qu’occupent ses intervenants. Heureusement, le manque d’orthodoxie a pour pendant l’ingéniosité. Les idées du copyleft ne sont pas neuves mais l’utilisation d’une idée particulière dans un champ différent de celui dans lequel elle a été imaginée donne un résultat nouveau. Néanmoins, il est déroutant pour l’analyste d’être confronté à des personnes ne maniant pas les codes généralement admis dans sa discipline. Les approximations et les erreurs sont fréquentes, compliquant drastiquement l’étude du copyleft. L’interdisciplinarité est, nous semble-t-il, une condition sine qua non à l’étude du mouvement du copyleft.

Le dernier élément, plus délicat à traiter, concerne la politique. L’Occident se trouve largement dominé par le néo-libéralisme. Il est actuellement impossible, ou pour le moins très difficile, d’avoir une position politique et sociétale qui ne tienne pas comme essentielle la sphère économique. Nous sommes immédiatement confrontés aux vues du néo-libéralisme dans notre quotidienneté, la publicité étant probablement l’exemple le plus insidieux, par sa banalité. S’extraire de ce schéma néo-libéral dans la recherche « scientifique » relève de l’exploit, surtout si l’on veut éviter l’anti-américanisme primaire, très à la mode, et ne pas se satisfaire d’un altermondialisme puéril. Comme nous l’exposerons plus en détail dans la suite de ce travail, le copyleft défend des valeurs peu compatibles avec le néo-libéralisme. Dès lors, le chercheur étudiant le copyleft se trouve personnellement devant une double difficulté. En tant que citoyen, celle de la place de ses convictions politiques, et en tant que producteur d’une œuvre intellectuelle, celle de son éventuelle adhésion au copyleft.

Pour résumer nous pourrions dire que le copyleft est contemporain ; numérique, mondialisation, néo-libéralisme, pluridisciplinarité, changement, l’Internet, multi-ethniques ou licence, ce sont des mots d’aujourd’hui, des termes, des concepts d’un débat présent mais qui aura immanquablement une influence considérable sur notre futur.

Nonobstant les difficultés susnommées, le mouvement du copyleft offre un point de rencontre : la General Public License. Cette licence évoquée dans la partie historique, est fondamentale pour le mouvement du copyleft. À l’heure actuelle et en soulignant les nuances que nous aborderons dans la prochaine partie, on peut dire que les licences « libres » sont consubstantielles au copyleft.