dinand, n’eurent confiance dans aucune des promesses du duc d’Angoulême, qui s’engageait à obtenir pour eux, de leur roi, des institutions libérales ; ils rejetèrent toutes les propositions, que le désespoir cependant aurait dû leur faire accepter. Alors nos soldats s’illustrèrent par quelques beaux faits d’armes, en défendant une cause déplorable. Ils attaquèrent les formidables batteries de l’île de Léon ; le Trocadéro fut emporté. Cadix se soumit, et cet exploit eut pour résultat l’immédiate délivrance de Ferdinand VII. La guerre était finie, les supplices commencèrent : Ferdinand choisit ses ministres parmi les hommes les plus violents et les plus exaltés ; l’exécution de Riégo signala son retour au trône, et l’intervention des Français entre les victimes et les bourreaux devint impuissante : rien n’avait été prévu en effet au congrès de Vérone pour améliorer le sort de l’Espagne, et la sauver d’une réaction sanguinaire. Les frais immenses de la guerre demeurèrent à la charge de la France, et elle recueillit pour tout fruit de cette campagne brillante et funeste l’ingratitude de ceux pour qui elle s’était imposé tant de sacrifices, et le sentiment douloureux que l’élite de ses guerriers, les vieux débris des bataillons d’Austerlitz et de Marengo, avaient vaincu, cette fois, pour replacer une nation héroïque sous le joug d’un roi despote et d’une multitude de moines fanatiques. Cependant, tel est parmi nous le prestige qui s’attache toujours à la victoire, que, dans les premiers moments qui suivirent le triomphe de nos armes en Espagne, l’impression de ce succès fut éminemment favorable au parti ultra-royaliste, seul auteur de la guerre. Il l’emporta dans la plupart des élections partielles qui suivirent la campagne, et M. de Villèle conçut la pensée d’asseoir sa puissance sur l’accord du ministère et d’une chambre royaliste élue pour sept ans ou septennale. Outre l’opposition du côté gauche, il s’en était formé dans la chambre une autre non moins hostile, et plus dangereuse pour le ministère, à cause de sa profession de foi royaliste. MM. de la Bourdonnaye et Delalot la dirigeaient avec énergie : tous deux, et surtout le premier, indépendants de l’influence du jésuitisme et de la congrégation,
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HISTOIRE DE LA RESTAURATION.