le capitaine Nantil et le colonel Fabvier, marchaient à sa tête : ils s’avancèrent au-devant de nos soldats, pour fraterniser, au cri de Vive l’Empereur ! vive la France ! Le général Valin dispersa le rassemblement à coups de canon, et le succès de la campagne fut assuré. L’armée marchait en effet sous les Oudinot, les Moncey, les Molitor, anciens héros de l’empire ; les guérillas espagnoles, si fatales à nos vieux bataillons, combattaient avec la France, la victoire ne pouvait être douteuse.
Bientôt nos colonnes furent aux portes de Madrid : les cortès avaient quitté cette capitale, emmenant avec elles Ferdinand VII à Séville, puis à Cadix, après l’avoir déclaré déchu du trône, comme atteint d’aliénation mentale. Cette mesure audacieuse pouvait prolonger la guerre : des négociations furent entamées avec les généraux constitutionnels modérés, tels que les Ballesteros, Morillo, l’Abisbal, et, vers le même temps, le prince généralissime forma, dans un esprit de conciliation, une régence espagnole à Madrid, sous la présidence du duc de l’Infantado, avec l’intention de l’opposer aux membres de l’ancienne junte de la Séo d’Urgel, dont la violence aveugle, excitée par le fanatisme farouche de l’armée de la Foi, menaçait l’Espagne de la réaction la plus sanglante. Les soldats de cette armée, les moines, la populace, n’attendaient que l’arrivée de nos troupes pour se livrer à des actes d’une basse et atroce vengeance, et les Français furent bientôt regardés par le parti royaliste et monacal avec haine et défiance, comme les sauveurs de ceux qu’ils étaient venus combattre. Ce fut dans le dessein de prévenir ces scènes de brigandage et de meurtre, que le duc d’Angoulême rendit la célèbre ordonnance d’Andujar, qui défendait aux autorités espagnoles de faire arrêter personne sans l’autorisation des officiers français, et plaçait les éditeurs des feuilles périodiques sous la direction des commandants des troupes. Cette ordonnance était pleine de sagesse et conforme en tout à la conduite du prince pendant cette campagne : elle offensa vivement la régence de Madrid, sans rendre les membres des cortès de Cadix plus traitables : ceux-ci, parfaitement instruits du caractère de Fer-