Page:Mignet - Histoire de la Révolution française, 1838.djvu/492

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
488
HISTOIRE DE LA RESTAURATION.

en faisant les sages concessions réclamées par les progrès du temps : ils prirent un parti différent.

M. de Metternich, au nom de l’empereur d’Autriche son maître, convoque à Carlsbad un congrès où assistent tous les membres de la confédération germanique, et où lui-même exerce une influence souveraine. Ce congrès détruit les sociétés secrètes, et établit la censure dans toute l’Allemagne, sans tenir compte des constitutions dont jouissent le Wurtemberg, la Bavière, le pays de Bade et quelques autres états. Peu de mois après, les souverains du Nord se réunissent à Troppau, puis à Laybach, pour se prononcer d’une manière décisive à l’égard des révolutions d’Espagne, de Portugal et de Naples. L’Autriche surtout redoute, pour ses provinces d’Italie, la contagion de l’insurrection napolitaine. Les dispositions libérales d’Alexandre ont subi un changement remarquable : M. de Metternich domine l’esprit du czar, et une expédition armée de l’Autriche contre Naples est résolue : le vieux roi Ferdinand IV s’est rendu auprès des souverains à Laybach, et presque aussitôt une armée autrichienne pénètre dans les Abruzzes. Les Piémontais saisissent cet instant pour secouer leur joug : une insurrection militaire éclate à Alexandrie, et la constitution des cortès est proclamée à Turin. Le roi de Sardaigne, Victor-Amédée, abdique sur-le-champ en faveur de son frère Charles-Félix, qui accourt de Modène à la tête des troupes autrichiennes : des combats sanglants s’engagent ; l’Autriche triomphe en Piémont comme à Naples ; l’armée napolitaine, commandée par Pépé, avait honteusement pris la fuite au premier choc. Toute l’Italie fut ainsi abattue sous la main de la puissance qui la convoitait, et du nord au midi les cours martiales y assurèrent la domination des étrangers et la vengeance des monarques. Ce fut alors qu’Alexandre apprit l’insurrection des Grecs contre leurs barbares oppresseurs, il ne voulut y reconnaître qu’un nouveau complot du carbonarisme, et condamna ses malheureux coreligionnaires : l’héroïque ville de Souli succombait devant le féroce Ali-Pacha ; l’Angleterre venait de vendre au barbare, par un infâme traité, la cité de Parga,