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ASSEMBLÉE CONSTITUANTE.

surprise de la défaite, les conseillers de Louis XVI résolurent de recourir à l’emploi des baïonnettes, après avoir échoué dans celui de l’autorité. Ils lui firent entendre que le mépris de ses ordres, la sûreté de son trône, le maintien des lois du royaume, la félicité même de son peuple, exigeaient qu’il rappelât l’assemblée à la soumission ; que cette dernière, placée à Versailles, voisine de Paris, deux villes déclarées en sa faveur, devait être domptée par la force ; qu’il fallait la transférer dans un autre lieu, ou la dissoudre ; que cette résolution était urgente afin de l’arrêter dans sa marche, et qu’il était nécessaire pour l’exécuter d’appeler en toute hâte des troupes qui intimidassent l’assemblée et qui continssent Versailles et Paris.

Pendant que ces trames s’ourdissaient, les députés de la nation ouvraient leurs travaux législatifs, et préparaient cette constitution si impatiemment attendue, et qu’ils croyaient ne devoir plus être retardée. Des adresses leur arrivaient de Paris et des principales villes du royaume ; on les félicitait de leur sagesse, et on les encourageait à poursuivre l’œuvre de la régénération française. Sur ces entrefaites les troupes arrivaient en grand nombre : Versailles prenait l’aspect d’un camp ; la salle des états était environnée de gardes, l’entrée en était interdite aux citoyens ; Paris était cerné par divers corps d’armée, qui semblaient postés pour en faire, suivant le besoin, le blocus ou le siége. Ces immenses préparatifs militaires, des trains d’artillerie venus des frontières, la présence des régiments étrangers, dont l’obéissance était sans bornes, annonçaient des projets sinistres. Le peuple était inquiet et agité ; l’assemblée voulut éclairer le trône et lui demander le renvoi des troupes. Sur la proposition de Mirabeau, elle fit, le 9 juillet, une adresse au roi, respectueuse et ferme, mais qui fut inutile. Louis XVI déclara qu’il était seul juge de la nécessité de faire venir ou de renvoyer les troupes, assura que ce n’était là qu’une armée de précaution pour empêcher les troubles et garder l’assemblée ; il lui offrit d’ailleurs de la transférer à Noyon ou à Soissons, c’est-à-dire de la placer