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EMPIRE.

habile, contraignirent Napoléon à la retraite, après une lutte de trois jours. L’armée marcha avec beaucoup de confusion vers le Rhin, dont les Bavarois, qui avaient également défectionné, voulurent lui fermer le passage. Mais elle les écrasa à Hanau, et rentra sur le territoire de l’empire le 30 octobre 1813. La fin de cette campagne fut aussi désastreuse que celle de la campagne précédente. La France fut menacée dans ses propres limites, comme en 1799 ; mais elle n’avait plus le même enthousiasme d’indépendance ; et l’homme qui l’avait destituée de ses droits la trouva, dans cette grande crise, incapable de le soutenir et de se défendre. On expie tôt ou tard la servitude des nations.

Napoléon retourna à Paris le 9 novembre 1813. Il obtint du sénat une levée de trois cent mille hommes, et fit avec la plus grande ardeur les préparatifs d’une nouvelle campagne. Il convoqua le corps législatif pour l’associer à la défense commune ; il lui communiqua les pièces relatives aux négociations de Prague, et lui demanda un nouvel et dernier effort, afin d’assurer glorieusement la paix, qui était le vœu universel de la France. Mais le corps législatif, jusque-là muet et obéissant, choisit cette époque pour résister à Napoléon.

Il était accablé de la fatigue commune, et se trouvait, sans le vouloir, sous l’influence du parti royaliste, qui s’agitait secrètement depuis que la décadence de l’empire avait relevé son espoir. Une commission, composée de MM. Lainé, Raynouard, Gallois, Flaugergues, Maine de Biran, fit un rapport très hostile sur la marche suivie par le gouvernement, et demanda l’abandon des conquêtes et le rétablissement de la liberté. Ce vœu, très juste dans un autre temps, n’était propre alors qu’à faciliter l’invasion étrangère. Quoique les confédérés parussent mettre la paix au prix de l’évacuation de l’Europe, ils étaient disposés à pousser la victoire jusqu’au bout. Napoléon, irrité de cette opposition inattendue et inquiétante, renvoya subitement le corps législatif. Ce commencement de résistance annonça les défections intérieures. Après s’être étendues de la Russie à toute l’Allemagne, elles allaient s’éten-