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EMPIRE.

à l’étendue et à la puissance de l’empire. La Suède, qui avait éprouvé une révolution intérieure, et dont le roi, Gustave-Adolphe IV, avait été forcé à l’abdication, admit le système continental. Bernadotte, prince de Ponte-Corvo, fut élu, par les états-généraux, prince héréditaire de Suède, et le roi Charles XIII l’adopta pour fils. Le blocus fut observé dans toute l’Europe ; et l’empire, augmenté des états romains, des provinces Illyriennes, du Valais, de la Hollande et des villes anséatiques, eut cent trente départements, et s’étendit depuis Hambourg et Dantzick jusqu’à Trieste et Corfou. Napoléon, qui paraissait suivre une politique téméraire, mais inflexible, dévia de sa route, à cette époque, par son second mariage. Il fit prononcer son divorce avec Joséphine, afin de donner un héritier à l’empire, et il épousa, le 1er avril 1810, Marie-Louise, archiduchesse d’Autriche. Ce fut une véritable faute. Il quitta sa position et son rôle de monarque parvenu et révolutionnaire, qui agissait en Europe contre les anciennes cours, comme la république contre les anciens gouvernements ; il se plaça dans une mauvaise situation à l’égard de l’Autriche qu’il fallait ou écraser après la victoire de Wagram, ou rétablir dans ses possessions après le mariage avec l’archiduchesse. Les alliances solides ne reposent que sur les intérêts réels, et Napoléon ne sut pas enlever au cabinet de Vienne ou le désir ou le pouvoir de le combattre de nouveau. Ce mariage changea aussi le caractère de son empire, et le sépara davantage des intérêts populaires ; il rechercha les vieilles familles pour en décorer sa cour, et il fit tout ce qu’il put pour mêler ensemble l’ancienne et la nouvelle noblesse, comme il mêlait les dynasties. Austerlitz avait consacré l’empire roturier ; après Wagram s’établit l’empire noble. La naissance d’un fils, le 20 mars 1811, qui reçut le titre de roi de Rome, sembla consolider la puissance de Napoléon, en lui assurant un successeur.

La guerre d’Espagne fut poussée avec vigueur pendant les années 1810 et 1811. Le territoire de la Péninsule était défendu pied à pied, et il fallait prendre les villes d’assaut. Su-