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EMPIRE.

— La cupidité, la trahison et l’ignorance. — Que sont les Français ? — D’anciens chrétiens devenus hérétiques. — Est-ce un péché de mettre un Français à mort ? — Non, mon père ; on gagne le ciel en tuant un de ces chiens d’hérétiques. — Quel supplice mérite l’Espagnol qui manque à ses devoirs ? — La mort et l’infamie des traîtres. — Qui nous délivrera de nos ennemis ? — La confiance entre nous autres, et les armes. » Napoléon s’était engagé dans une entreprise longue, périlleuse, et dans laquelle tout son système de guerre était en défaut. La victoire ne consistait plus ici dans la défaite d’une armée et dans la possession d’une capitale, mais dans l’occupation entière du territoire, et, ce qui était plus difficile encore, dans la soumission des esprits. Cependant, Napoléon s’apprêtait à dompter ce peuple avec son irrésistible activité et son inébranlable obstination, lorsqu’il fut rappelé en Allemagne par la cinquième coalition.

L’Autriche avait mis à profit son éloignement et celui de ses troupes. Elle fit un puissant effort, leva cinq cent cinquante mille hommes, en y comprenant les landwher, et entra en campagne au printemps de 1809. Le Tyrol se souleva, le roi Jérôme fut chassé de sa capitale par les Westphaliens ; l’Italie était chancelante, et la Prusse n’attendait qu’un revers de Napoléon pour reprendre les armes ; mais l’empereur était encore au plus haut point de sa puissance et de ses prospérités. Il accourut de Madrid, fit avertir, au commencement de février, les membres de la confédération de tenir leurs contingents prêts. Le 12 avril, il quitta Paris, passa le Rhin, s’enfonça dans l’Allemagne, gagna les victoires d’Eckmühl et d’Essling, occupa Vienne une seconde fois, le 15 mai, et déconcerta par la bataille de Wagram cette nouvelle coalition, après quatre mois de campagne. Pendant qu’il poursuivait les armées autrichiennes, les Anglais débarquèrent à l’île de Walcheren et se présentèrent devant Anvers ; mais une levée de gardes nationales suffit pour empêcher leur expédition de l’Escaut. La paix de Vienne du 14 octobre 1809 enleva