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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

contre l’Autriche et la Prusse. Il aurait pu, après la paix d’Amiens, en maintenant la liberté, se faire le protecteur de la France et le modérateur de l’Europe. Mais, ayant cherché sa gloire dans la domination et sa vie dans les conquêtes, il se condamna à une longue lutte, qui devait finir par la dépendance du continent ou par sa propre ruine.

Cette marche envahissante occasionna la quatrième coalition. La Prusse, demeurée neutre depuis la paix de Bâle, avait été sur le point, dans la dernière campagne, de se réunir à la coalition austro-russe. La rapidité des victoires de l’empereur l’avait seule retenue ; mais, effrayée cette fois de l’accroissement de l’empire, et encouragée par le bel état de ses troupes, elle se ligua avec la Russie pour chasser les Français de l’Allemagne. Le cabinet de Berlin exigea, sous peine de guerre, que les troupes repassassent le Rhin. Il voulut en même temps former dans le nord de l’Allemagne une ligue contre la confédération du midi. L’empereur, qui était dans le temps de ses prospérités, de la jeunesse de son pouvoir, et de l’assentiment national, marcha contre la Prusse, loin de se soumettre à son ultimatum.

La campagne s’ouvrit aux premiers jours d’octobre. Napoléon accabla, selon son ordinaire, la coalition par la promptitude de sa marche et la vigueur de ses coups. Le 14 octobre, il détruisit à Iéna la monarchie militaire de Prusse, par une victoire décisive ; le 16, quatorze mille Prussiens mirent bas les armes à Erfurth ; le 25, l’armée française entra dans Berlin, et la fin de 1806 fut employée à prendre les forteresses prussiennes, et à marcher en Pologne contre l’armée russe. La campagne de Pologne fut moins rapide, mais aussi brillante que celle de Prusse. La Russie se mesura pour la troisième fois avec la France. Vaincue à Zurich, vaincue à Austerlitz, elle le fut encore à Eylau et à Friedland. Après ces mémorables journées, l’empereur Alexandre entra en négociation, et conclut à Tilsitt, le 21 juin 1807, un armistice qui fut suivi, le 7 juillet, d’un traité définitif.

La paix de Tilsitt étendit la domination française sur le con-