L’empereur alla prendre possession de ce royaume ; et, le 26 mai 1805, il reçut, à Milan, la couronne de fer des Lombards. Il nomma pour vice-roi d’Italie son fils adoptif, le prince Eugène de Beauharnais ; et il se rendit à Gênes, qui renonça également à sa souveraineté. Le 4 juin 1805, son territoire fut réuni à l’empire, et forma les trois départements de Gênes, de Montenotte, et des Apennins. Le petite république de Lucques se trouva comprise dans cette révolution monarchique. Sur la demande de son gonfalonier, elle fut donnée en apanage au prince et à la princesse de Piombino, l’une des sœurs de Napoléon. Celui-ci, après cette tournée royale, repassa les Alpes, et revint dans la capitale de son empire ; il partit bientôt pour le camp de Boulogne, où se préparait une expédition maritime contre l’Angleterre.
Ce projet de descente, que le directoire avait eu après la paix de Campo-Formio, et le premier consul après la paix de Lunéville, avait été repris avec beaucoup d’ardeur depuis la nouvelle rupture. Au commencement de 1805, une flottille de deux mille petits bâtiments, servis par seize mille marins, portant une armée de cent soixante mille hommes, neuf mille chevaux, une nombreuse artillerie, était rassemblée dans les ports de Boulogne, d’Étaples, Wimereux, Ambleteuse et Calais. L’empereur hâtait par sa présence le dénouement de cette expédition maritime, lorsqu’il apprit que l’Angleterre, pour se soustraire à la descente dont elle était menacée, avait décidé de nouveau l’Autriche à rompre avec la France, et que toutes les forces de la monarchie autrichienne s’étaient ébranlées. Quatre-vingt-dix mille hommes, sous l’archiduc Ferdinand et le général Mack, avaient passé l’Inn, envahi Munich et chassé l’électeur de Bavière, allié de la France ; trente mille, sous l’archiduc Jean, occupaient le Tyrol ; et l’archiduc Charles, avec cent mille hommes, s’avançait sur l’Adige. Deux armées russes se disposaient à joindre les Autrichiens. Pitt avait fait les plus grands efforts pour organiser cette troisième coalition. L’établissement du royaume d’Italie, la réunion de Gênes et du Piémont à la France, l’influence ouverte de l’empereur sur