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CONSULAT.

se décida a renouer ses communications par une bataille. Il y eut, le 9 juin, à Monte-Bello, une victoire d’avant-garde glorieuse pour les républicains, et dont le général Lannes eut le principal honneur. Mais ce fut le 14 juin (25 prairial) que se décida le sort de l’Italie dans la plaine de Marengo : les Autrichiens furent écrasés. N’ayant pas pu forcer le passage de la Bormida par une victoire, ils se trouvèrent sans retraite entre l’armée de Suchet et celle du premier consul. Le 15, ils obtinrent de retourner derrière Mantoue, en remettant toutes les places du Piémont, de la Lombardie, des Légations ; et la victoire de Marengo valut ainsi la possession de l’Italie entière.

Dix-huit jours après, Bonaparte fut de retour à Paris. On le reçut avec tous les témoignages d’admiration qu’excitaient une si prodigieuse activité et des victoires si décisives. L’enthousiasme fut universel : il y eut une illumination spontanée, et la foule se porta aux Tuileries pour le voir. Ce qui redoubla la joie publique, ce fut l’espérance d’une prochaine pacification. Le premier consul assista, le 25 messidor, à la fête anniversaire du 14 juillet. Lorsque les officiers lui présentèrent les drapeaux enlevés à l’ennemi, il leur dit : « De retour dans les camps, dites aux soldats que pour l’époque du 1er vendémiaire, où nous célébrerons l’anniversaire de la république, le peuple français attend, ou la publication de la paix, ou, si l’ennemi y mettait des obstacles invincibles, de nouveaux drapeaux, fruit de nouvelles victoires. » Mais la paix se fit attendre un peu plus de temps encore.

Dans l’intervalle de la victoire de Marengo à la pacification générale, le premier consul s’occupa surtout d’asseoir le peuple, et de diminuer le nombre des mécontents, en faisant rentrer dans l’état les factions déplacées. Il se montra très accommodant envers les partis qui renonçaient à leurs systèmes, et très prodigue de faveurs envers les chefs qui renonçaient à leurs partis. Comme on se trouvait dans un temps d’intérêts et de relâchement, il n’eut pas de peine à réussir. Déjà les proscrits du 18 fructidor avaient été rappelés, à l’exception de quelques conspirateurs royalistes, comme Piche-