écrasé à la Trébia. Les Austro-Russes portèrent alors leurs principales forces sur la Suisse. Quelques corps russes se réunirent à l’archiduc Charles, qui avait battu Jourdan sur le Haut-Rhin, et qui se disposa à franchir la barrière helvétique. En même temps, le duc d’York débarqua en Hollande avec quarante mille Anglo-Russes. Les petites républiques qui protégeaient la France étaient envahies, et, avec quelques nouvelles victoires, les confédérés pouvaient pénétrer dans la place même de la révolution.
Ce fut au milieu de ces désastres militaires et du mécontentement des partis que se firent les élections de floréal an VII (mai 1799) ; elles furent républicaines, comme celles de l’année précédente. Le directoire ne se trouva plus assez fort contre les malheurs publics et les rancunes des partis. La sortie légale de Rewbell, que remplaça Sièyes, lui fit perdre le seul homme qui pût faire tête à l’orage : elle introduisit dans son sein l’antagoniste le plus déclaré de ce gouvernement compromis et usé. Les modérés et les républicains extrêmes se réunirent pour demander compte aux directeurs de la situation intérieure et extérieure de la république. Les conseils se mirent en permanence. Barras abandonna ses collègues. Le déchaînement des conseils se dirigea uniquement contre Treilhard, Merlin et Larévellière, derniers soutiens de l’ancien directoire. Ils destituèrent Treilhard, parce qu’il n’y avait pas eu, ainsi que l’exigeait la constitution, une année d’intervalle entre ses fonctions législatives et directoriales. L’ex-ministre de la justice Gohier fut aussitôt mis à sa place.
Les orateurs des conseils attaquèrent vivement alors Merlin et Larévellière, qu’ils ne pouvaient pas destituer, et qu’ils voulaient contraindre à se démettre. Les directeurs menacés envoyèrent aux conseils un message justificatif, et leur proposèrent la paix. Le 30 prairial, le républicain Bertrand (du Calvados) monta à la tribune, et, après avoir examiné les offres des directeurs, il s’écria : « Vous avez proposé une réunion ; et moi, je vous propose de réfléchir si vous-mêmes pouvez encore conserver vos fonctions. Vous n’hésiterez pas