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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

réel. Il envoya à Paris Augereau, chargé des adresses de ses troupes. « Tremblez, royalistes ! disaient les soldats ; de l’Adige à la Seine il n’y a qu’un pas. Tremblez ! vos iniquités sont comptées, et le prix en est au bout de nos baïonnettes ! — C’est avec indignation, disait l’état-major, que nous avons vu les intrigues du royalisme vouloir menacer la liberté. Nous avons juré, par les mânes des héros morts pour la patrie, guerre implacable à la royauté et aux royalistes. Tels sont nos sentiments, tels sont les vôtres, tels sont ceux des patriotes. Qu’ils se montrent les royalistes, et ils auront vécu ! » Les conseils s’élevèrent, mais inutilement, contre ces délibérations de l’armée. Le général Richepanse, qui commandait les troupes venues de Sambre-et-Meuse, les posta à Versailles, à Meudon, à Vincennes.

Les conseils avaient été assaillants en prairial ; mais comme le succès de leur cause pouvait être renvoyé en l’an VI, époque où il aurait lieu sans risque et sans combat, ils gardaient la défensive depuis thermidor (juillet 1797). Cependant ils firent alors toutes leurs dispositions pour le combat : ils ordonnèrent que les cercles constitutionnels seraient fermés, afin de se délivrer du club de Salm ; ils augmentèrent aussi les pouvoirs de la commission des inspecteurs de la salle, qui devint le gouvernement du corps législatif, et dont firent partie les deux conspirateurs royalistes Willot et Pichegru. La garde des conseils, qui était subordonnée au directoire, fut mise sous les ordres immédiats des inspecteurs de la salle. Enfin, le 17 fructidor, le corps législatif songea à se donner l’assistance de la milice de vendémiaire, et il décréta, sur la proposition de Pichegru, la formation de la garde nationale. Le lendemain 18, cette mesure devait s’exécuter, et les conseils devaient, par un décret, ordonner l’éloignement des troupes. Au point où l’on en était venu, il fallait que la grande lutte de la révolution et de l’ancien régime se décidât de nouveau par une victoire. Le fougueux général Willot voulait qu’on prît l’initiative, qu’on décrétât d’accusation les trois di-