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DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

tions de l’an V (mai 1797). Ces élections, en introduisant, d’une manière légale, le parti royaliste au sein de la législature et du gouvernement, mirent de nouveau en question ce que la bataille de vendémiaire avait décidé. Jusqu’à cette époque, le directoire et les conseils avaient vécu de très bonne intelligence : composés de conventionnels unis par un intérêt commun, le besoin de fonder la république après avoir été battus par tous les vents des partis, ils avaient mis beaucoup de bienveillance dans leurs rapports et de concert dans leurs mesures. Les conseils avaient accédé aux diverses demandes du directoire ; et à part quelques légères modifications, ils avaient approuvé ses projets sur les finances, sur l’administration, sa conduite à l’égard des conspirations, des armées et de l’Europe. La minorité anti-conventionnelle avait formé une opposition dans leur sein : mais cette opposition avait combattu avec réserve la politique du directoire, en attendant d’être renforcée par un nouveau tiers. À sa tête étaient Barbé-Marbois, Pastoret, Vaublanc, Dumas, Portalis, Siméon, Tronron-Ducoudray, Dupont de Nemours, la plupart membres de la droite sous la législative, et quelques-uns royalistes avoués. Leur position devint bientôt moins équivoque et plus agressive par le renfort des élus de l’an V.

Les royalistes formaient une confédération redoutable, active, qui avait ses chefs, ses agents, ses listes, ses journaux. Ils écartèrent des élections les républicains, entraînèrent la masse, qui suit le parti le plus énergique, et dont ils prirent momentanément la bannière. Ils ne voulurent pas même admettre des patriotes de la première époque, et n’élurent que des contre-révolutionnaires décidés ou des constitutionnels équivoques. Le parti républicain fut alors placé dans le gouvernement et dans l’armée ; le parti royaliste, dans les assemblées électorales et dans les conseils.

Le 1er prairial an V (20 mai), les deux conseils se constituèrent. Dès leur début, ils firent connaître l’esprit qui les animait. Pichegru, que les royalistes transportèrent sur le nouveau champ de bataille de la contre-révolution, fut élu avec