Page:Mignet - Histoire de la Révolution française, 1838.djvu/345

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
341
CONVENTION NATIONALE.

Roch et de la rue Saint-Honoré par le canon de la convention et par le bataillon des patriotes. La colonne du Pont-Royal essuya trois décharges d’artillerie en tête et en écharpe, par le pont et par les quais, qui l’ébranlèrent et la mirent en pleine déroute. À sept heures, les troupes conventionnelles, victorieuses sur tous les points, prirent l’offensive ; à neuf heures, elles avaient délogé les sectionnaires du théâtre de la République et des postes qu’ils occupaient encore dans le voisinage du Palais-Royal. Ils se disposaient à faire des barricades pendant la nuit, et l’on tira dans la rue de la Loi (Richelieu) plusieurs volées pour empêcher les travaux. Le lendemain 14, les troupes conventionnelles désarmèrent la section Lepelletier, et firent rentrer les autres dans l’ordre.

L’assemblée, qui n’avait combattu que pour se défendre, montra beaucoup de modération. Le 13 vendémiaire fut le 10 août des royalistes contre la république, si ce n’est que la convention résista à la bourgeoisie beaucoup mieux que le trône aux faubourgs. La position dans laquelle se trouvait la France contribua beaucoup à cette victoire. On voulait, dans ce moment, une république sans gouvernement révolutionnaire, un régime modéré sans contre-révolution. La convention, qui était une puissance médiatrice, également prononcée contre la domination exclusive de la classe inférieure qu’elle avait repoussée en prairial, et la domination réactionnaire de la bourgeoisie qu’elle repoussait en vendémiaire, paraissait seule capable de satisfaire ce double besoin, et de faire cesser entre les partis l’état de guerre, qui se prolonge par leur passage alternatif au gouvernement. Cette situation lui donna, autant que ses propres dangers, le courage de la résistance et la certitude de la victoire. Les sections ne pouvaient pas la surprendre, et pouvaient encore moins la prendre d’assaut.

Après les événements de vendémiaire, la convention s’occupa de former les conseils et le directoire. Le tiers, librement choisi, l’avait été dans le sens des réactionnaires. Quelques conventionnels, à la tête desquels était Tallien, proposèrent