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CONVENTION NATIONALE.

Les Vendéens avaient été épuisés par leurs défaites réitérées, mais ils n’étaient pas entièrement réduits. Cependant, leurs pertes, autant que les divisions de leurs deux principaux chefs, Charette et Stofflet, les rendaient d’un bien faible secours. Charette avait même consenti à traiter avec la république, et une sorte de pacification avait été conclue à Jusnay entre lui et la convention. Le marquis de Puisaye, homme entreprenant, mais léger et plus capable d’intrigues que de fortes conceptions de parti, avait eu le dessein de remplacer l’insurrection presque éteinte de la Vendée par celle de la Bretagne. Depuis l’entreprise de Wimphen, où Puisaye avait eu un commandement, il existait déjà dans le Calvados et le Morbihan des bandes de chouans, composées de restes de partis, d’hommes déplacés et aventureux, de hardis contrebandiers, qui faisaient des expéditions, mais qui ne pouvaient pas tenir la campagne comme les Vendéens. Puisaye recourut à l’Angleterre pour étendre la chouanerie ; il lui fit espérer un soulèvement général dans la Bretagne, et de là dans le reste de la France, si l’on débarquait un noyau d’armée, des munitions et des fusils.

Le ministère britannique, déçu du côté de la coalition, ne demandait pas mieux que de créer de nouveaux périls à la république, en attendant de ranimer le courage de l’Europe. Il accorda sa confiance à Puisaye, prépara au printemps de 1795 une expédition dont firent partie les émigrés les plus énergiques, presque tous les officiers de l’ancienne marine, et tous ceux qui, las du rôle d’exilés et des douleurs d’une vie errante, voulurent tenter une dernière fois la fortune. La flotte anglaise déposa dans la presqu’île de Quiberon quinze cents émigrés, six mille prisonniers républicains enrôlés sous l’émigration pour rentrer en France ; soixante mille fusils et un équipement complet pour une armée de quarante mille hommes. Quinze cents chouans se joignirent à l’armée du débarquement, qui fut bientôt attaquée par le général Hoche. Il parvint à la tourner, les prisonniers républicains qui étaient dans les rangs l’abandonnèrent, et elle fut vaincue après la plus vive résis-