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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

tôt que de rien relâcher de nos demandes. Je ne crains rien ; je me nomme Saint-Légier. Vive la république ! Vive la convention, si elle est amie des principes, comme je le crois ! » On accueillit favorablement le député, et l’on fraternisa avec les faubourgs, sans toutefois leur rien accorder de positif. Ceux-ci, n’ayant plus un conseil général de la commune pour soutenir leurs résolutions, ni un commandant comme Henriot pour les tenir campés jusqu’au moment où leurs propositions seraient décrétées, n’allèrent pas plus avant. Ils se retirèrent après avoir reçu l’assurance que la convention s’occupait avec sollicitude des subsistances, et qu’elle publierait bientôt les lois organiques de la constitution de 93. Ce jour- là, on vit bien qu’il ne suffit pas d’une force matérielle immense et d’un but bien arrêté pour réussir ; qu’il faut encore des chefs et une autorité qui appuie l’insurrection et qui la dirige. Il n’existait plus qu’une seule puissance légale, la convention : le parti qui l’avait pour lui triompha.

Six Montagnards démocrates, Goujon, Bourbotte, Romme, Duroy, Duquesnoy, Soubrany furent traduits devant une commission militaire. Ils y parurent avec une contenance ferme, en hommes fanatiques de leur cause, et presque tous purs d’excès. Ils n’avaient contre eux que le mouvement de prairial, mais c’était assez en temps de parti, et ils furent condamnés à mort. Ils se frappèrent tous du même couteau, qu’ils se firent passer les uns aux autres en criant : Vive la république ! Romme, Goujon et Duquesnoy furent assez heureux pour se frapper à mort ; les trois autres furent conduits à l’échafaud mourants, et la figure encore sereine.

Cependant, les faubourgs, quoique repoussés le 1er prairial et éconduits le 2, conservaient encore les moyens de se soulever. Un événement, d’une importance bien moindre que les émeutes précédentes, occasionna leur ruine définitive. L’assassin de Féraud fut découvert, condamné, et le 4, jour de son exécution, un attroupement parvint à le délivrer. Il n’y eut qu’un cri contre ce nouvel attentat ; et la convention ordonna le désarmement des faubourgs. Ils furent cernés par