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CONVENTION NATIONALE.

des commissaires auprès des sections pour se procurer leur appui ; elle nomma le représentant Barras commandant de la force armée, lui adjoignit Fréron, Rovère, Bourdon de l’Oise, Féraud, Léonard Bourdon, Legendre, tous hommes décidés, et fit des comités le centre des opérations.

Les sections, sur l’invitation de la commune, s’étaient assemblées vers neuf heures ; la plupart des citoyens, en s’y rendant, étaient inquiets, incertains et confusément instruits des querelles de la convention et de la commune. Les émissaires des insurgés les pressaient de se joindre à elle et de faire partir leurs bataillons pour l’Hôtel-de-Ville. Les sections se bornaient à lui envoyer des députations ; mais dès que les commissaires de la convention arrivèrent au milieu d’elles, leur eurent fait part des décrets de l’assemblée et de ses invitations, et leur apprirent qu’il y avait un chef et un point de ralliement, elles n’hésitèrent plus. Leurs bataillons se présentèrent successivement à l’assemblée : ils vinrent jurer de la défendre, et ils défilèrent dans la salle au milieu des cris d’enthousiasme et de sincères applaudissements. « Les moments sont précieux, dit alors Fréron, il faut agir ; Barras est allé prendre les ordres des comités ; nous allons marcher contre les rebelles. Nous les sommerons, au nom de la convention, de nous livrer les traîtres, et, s’ils refusent, nous réduirons en poudre cet édifice. — Partez de suite, répondit le président, afin que le jour ne paraisse pas avant que la tête des conspirateurs soit tombée. » On disposa quelques bataillons et quelques pièces d’artillerie autour de l’assemblée, pour la mettre à l’abri d’une attaque, et l’on marcha sur deux colonnes contre la commune. Il était alors à peu près minuit.

Les conspirateurs étaient toujours réunis. Robespierre, après avoir été reçu avec des cris d’enthousiasme, des promesses de dévouement et de victoire, avait été admis au conseil général, entre Payan et Fleuriot. La place de Grève était remplie d’hommes, de baïonnettes, de piques et de canons. On attendait pour agir l’arrivée des sections. La présence de leurs députés, l’envoi des commissaires municipaux dans leur